Elle a décidé de retirer ses lentilles car ses yeux ne pouvaient les tolérer davantage et elle ne supportait plus qu’on superpose une vue à la sienne.
Bien qu’elle se soit fixée une trajectoire rectiligne, elle se laisse griser par les virages et erre ainsi bêtement de gauche à droite. Presbyte, elle n’est pas familière avec les gros plans. En réalité elle se soucie peu des détails et préfère regarder les choses avec distance, en prenant de la hauteur.
Elle s’assoit sur son trône élévateur et se hisse à quelques mètres du sol. Pas trop. Juste ce qu’il faut pour que la mise au point de son regard rencontre la netteté et s’équilibre parfaitement.
« H » aspiré par le bas, descendit de son échelle, abandonnant son auteur qui resta perchée.
On lui confia une mission, devenir l’entraineur d’une équipe de souffleurs destinés à gonfler un ballon gigantesque en cours de création. Un programme intensif et chargé se dessinait en perspective : inspiration, expiration, inspiration, expiration…
Inspiration, on n’en manquait pas dans l’atelier de fabrication du ballon à sept embouts. À chaque étape ses problèmes, ses solutions, son procédé. Système D et plan B régnaient en monarques absolus sur ce régime artisanal. Voilà comment cette petite entreprise ne connait pas la crise.
Cependant une rumeur courait que dans cette zone d’activité, demeurait encore un circuit parallèle. Des bruits de couloirs s’échangeaient d’oreille à bouche, de bouche à oreille. Paraît-il qu’il s’agissait d’une usine d’emballage pour clémentines mais dont le modèle économique était profondément enterré.
Toujours est-il qu’on en aurait retrouvé au Nunavut, territoire où le sport national consiste en une course de raquettes. La règle est simple : le premier arrivé a gagné, le reste est permis.
La compétition terminée, on décerne une coupe au vainqueur et jusqu’à ce que celle-ci soit pleine, on fête sa victoire.
Enfin le débordement.